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Photo du rédacteurNadège Cresson Généalogie

M. et Mme SCHMIDT



L’histoire que je m’apprête à vous raconter a commencé en 1997 dans une voiture à Pornichet en Loire-Atlantique.


Ma grand-mère paternelle avait réussi à obtenir auprès de la mairie l’acte de mariage de ses grands-parents paternels, mariés en 1884 à Pornichet, paroisse de Saint Sébastien. C’était l’époque où les actes n’étaient pas encore en ligne.


Cet acte de mariage est en date du 3 novembre 1884.



Il est notamment indiqué dans cet acte que les parents de la mariée sont : M. Joseph Marie CAVARO et Mme Jeanne Marie CHEMIT. Un témoin se nomme également CHEMID, il s’agit de l’oncle de la mariée Joseph Marie.

 

Vous remarquerez que la terminaison n’est pas la même, le nom finissant par un T et une autre fois par un D.

 

Ce nom de famille m’a quelque peu intrigué. J’ai donc voulu en savoir plus.


Pendant plusieurs années, j’ai effectué des recherches en Loire-Atlantique, en Ille-et-Vilaine, dans le Morbihan pour finalement me retrouver en Moselle.

 

-        Jeanne Marie CHEMIT


Jeanne Marie est née le 10 mai 1828 à Guérande (44), s’est mariée avec Joseph Marie CAVARO le 19 novembre 1857 à Saint -Nazaire (44).



Elle est décédée le 12 décembre 1905 à Pornichet (44).


Dans l’acte de naissance, de mariage et de décès, le nom est écrit CHEMID, même la signature (dans acte de naissance et de mariage) est CHEMID.



Les parents de Jeanne Marie sont Jean Marie CHEMID et Françoise PILLARD.

 

-        Jean Marie CHEMID


Jean Marie est né le 11 avril 1799 à Redon (35), s’est marié avec Françoise PILLARD le 19 février 1827 à Pénestin (56).




Il est décédé le 27 septembre 1870 à Pornichet (44).


Dans l’acte de naissance, de mariage et de décès, le nom est écrit CHEMID, même la signature (dans acte de naissance et de mariage) est CHEMID.




Les parents de Jean Marie sont Yves CHEMID et Marie Jeanne LEGAL.

 

-        Yve(s) CHEMID


Yve(s) est né le 22 novembre 1775 à Surzur (56), s’est marié avec Marie Jeanne LEGAL le 19 avril 1799 à Camoël (56).



Dans l’acte de baptême et de mariage, le nom est écrit CHEMID, même la signature est CHEMID.



Il est décédé le 11 novembre 1845 à Bourgneuf-en-Retz (44).


Dans son acte de décès, le nom est écrit CHEMIDE.



Les parents de Yves sont Jean CHEMID et Mathurine LE FUR.


-        Jean CHEMID

 

Jean est décédé le 17 septembre 1805 à Redon (35).



Son acte de décès a été une grande découverte !


En effet, grâce à cet acte, j’ai pu apprendre que Jean était originaire d’Inglange en Moselle !!


Et surtout que le nom de famille s’écrit SCHMIDT !


Nous sommes donc en 1805, soit 6 ans après le mariage de son fils Yves. Le nom est bien écrit SCHMIDT dans l’acte et surtout Yves qui a déclaré le décès de son père signe SCHMIDT.



Jean s’est marié le 20 juin 1768 avec Mathurine LE FUR à Séné (56).


 


Dans cet acte le nom est écrit SCHMIT et Jean signe SCHEMIDT. Dans la marge de cet acte, le nom est écrit également SCHEMIDT.


Donc Jean est originaire de la Moselle ! Il est né le 20 juillet 1733 à Inglange.



Les parents de Jean sont Michel et Marie LOEFF ou LOEWE.

 

Mais pour quelle raison Jean a t-il quitté la Moselle pour aller s’installer dans le Morbihan ?

 

La raison est très simple, même si j’ai mis beaucoup de temps à comprendre !


Jean SCHMIDT exerçait la profession d’employé des fermes du Roi.


En quoi cela consiste ?


Un petit tour sur différents dictionnaires et finalement j’ai opté pour la définition indiquée sur le site Généanet.


Les Fermes du Roy étaient des compagnies de financiers qui prenaient en bail la levée de l’impôt. Ils versaient au roi une somme forfaitaire et percevaient ensuite pour leur compte l’impôt royal dans toute l’étendue du royaume.

L’institution de la Ferme Générale fut mise en place par Colbert en 1681, avec regroupement de plusieurs impôts royaux : aides, gabelles, domaines, traites et entrées. Par la suite, elle fut étendue aux poudres et aux tabacs.

En 1774 le bail de La Ferme Générale assurait 152 millions de livres de recettes à l’État et comptait 87 représentants de la finance aussi dénommés “fermiers généraux”. Puissants et fortunés, ils présentaient des cautions financières solides. Pour assurer la levée de l’impôt auprès des Français ils étaient amenés à recruter de nombreux employés, aussi dénommés collecteurs. Ces employés sont les prédécesseurs des agents des impôts de l’administration moderne.


Très bien, mais cela ne m’indique pas la raison pour laquelle mon petit Jean est parti de la Moselle.

 

Quelques petites recherches plus tard, je comprends enfin !


Grâce à Vida Azimi, Un modèle administratif de l'Ancien Régime : les commis de la Ferme générale et de la Régie générale des aides, 1987.

 

Voici la raison :


« Les employés des fermes sont des ancêtres particulièrement difficiles à localiser et à suivre, car ils avaient obligation, par leur fonction, de n'épouser que des filles d’un autre village et d’exercer leur emploi loin de leur terre natale, pour éviter toute corruption avec les populations. Ils faisaient partie de la catégorie des employés de brigade dans le corps des cadres d'exécution de la ferme générale. La brigade constitue l’unité opérationnelle de base de cette formation : « l’armée fiscale privée » de la ferme générale, si détestée des Français. Les brigades sont constituées de 4 à 20 gardes ou archers, sédentaires ou ambulants et sont commandées par un brigadier et 1 ou 2 sous-brigadiers. Les brigades ambulantes sont conduites par un capitaine, un lieutenant et montent à cheval. L’ensemble des brigades (80 à 150 hommes) sont sous les ordres d’un capitaine général dont la mission consiste à empêcher la pénétration de la contrebande, à saisir les marchandises prohibées, à contrôler le commerce du sel. Le capitaine général a le droit de visite domiciliaire. La principale responsabilité des employés des brigades est la vérification du sexté, le registre paroissial où est inscrite la quantité de sel que les paroissiens peuvent ou doivent acheter selon qu’ils résident dans un pays de grande gabelle ou du quart bouillon. Les employés patrouillent en outre les routes et les passages de rivières pour empêcher la fraude, surveillent les collecteurs de gabelles, veillent à ce que les régatiers (les détaillants distributeurs de sel) ne s’approvisionnent pas au marché noir. Il existe aussi des brigades maritimes, composées de gardes armés embarqués dans des felouques et qui surveillaient les côtes et les embouchures des fleuves contre les bâtiments fraudeurs. Ils n'étaient pas des fonctionnaires royaux, mais ils agissaient au nom du roi et bénéficiaient à ce titre de privilèges particuliers et de la protection de la loi : dispense du paiement de la taille et de la gabelle, dispense du logement des gens de guerre, dispense du guet et de la garde, droit de porter des armes, de ne pas être poursuivis pour le meurtre de fraudeurs. Ils étaient jugés en cas de délits par des juges royaux. Tous savaient lire et écrire. »


Le moins que l’on puisse dire c’est que mon petit Jean est vraiment parti loin de sa terre natale !


De la Moselle au Morbihan, c’est un grand éloignement !



Mathurine LE FUR était également employée aux fermes du Roi.


Ils ont eu au moins quatre enfants, que des garçons, seul un a atteint l’âge adulte, Yves mon ancêtre.


Les descendants de Jean et Mathurine ont tous été préposés des douanes et même sous-lieutenant des douanes royales.


J’ai évidemment sollicité leurs dossiers auprès du Musée National des Douanes et le nom est écrit CHEMID.


Yves CHEMID




Jean Marie CHEMID




Pour terminer Jean Marie CHEMID a épousé madame PILLARD ce qui est plutôt drôle pour un douanier.

 

Je n’ai malheureusement pas eu le temps de dire à ma grand-mère que nos ancêtres étaient originaires de la Moselle, cela l’aurait fait sourire.


Sources:


Archives départementales de la Loire-Atlantique

Archives départementales du Morbihan

Archives départementales de l'Ille-et-Vilaine

Archives départementales de la Moselle

Musée National des Douanes

Persée

Généanet






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