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Photo du rédacteurNadège Cresson Généalogie

I comme Infanticide: un drame qui en cache un autre



Hortensia Jeunet a commis un infanticide en 1883.


Qui est-elle ?


Voici son histoire.


L’accusée se prénomme Hortensia Jeunet et est née le 18 mars 1865 à Paris 6ème arrondissement, elle est la première jumelle, comme il l’est indiqué dans l’acte de naissance figurant dans le dossier de procédure.

 

La deuxième jumelle Flora BURY (et non JEUNET) est décédée le 28 avril 1865 à Villeneuve-sur-Yonne (89) et n’a pas été reconnue par monsieur JEUNET



Hortensia a été reconnue par ses deux parents le 25 avril 1872 !


A la lecture des différentes pièces, on peut dire que dès la déclaration de sa naissance, il y avait déjà une difficulté.

 

En effet, dans un interrogatoire en date du 21 mai 1883 du père, ce dernier explique que la déclaration a été faite par la sage-femme et l’a fait inscrire sous le nom d’Hortensia et il indique que c’est lorsqu’il a reconnu sa fille en 1872 qu’il a donné les deux autres prénoms Jeanne Joséphine et que c’est du nom de Jeanne que sa fille a toujours été appelée.

 

C’est pour cela que dans les différentes pièces de la procédure il est souvent mentionné Jeanne JEUNET.


En revanche à aucun moment, le père évoque la deuxième jumelle.

 

Il y a une description physique de la jeune Hortensia :



Il est indiqué dans le résumé de l’instruction, qu’avant d’aller habiter chez son père à Paris, Hortensia a demeuré chez des parents de sa mère Léonie BURY, à Saint - Seine (Côte d’Or).

 

Le 13 juillet 1882, le père avouait à sa seconde épouse qu’il avait une fille et qu’elle allait arriver à Paris le jour même.

 

C’est peu de temps après son arrivée que son père a commencé à abuser de sa fille.


La seconde épouse du père d’Hortensia, Marie SAUZE, dans son interrogatoire du 18 mai 1883, indique qu’elle a accueillie sa belle-fille avec bienveillance.

 

Puis elle ajoute :



Ensuite elle confirme ce qu’Hortensia a déjà indiqué à la police :



Le petit-frère d’Hortensia, Ernest a lui aussi indiqué ces faits à la police.

 

À la suite de ces faits, le 7 décembre 1882 madame SAUZE est partie, laissant Hortensia avec son père rue Dauphine à Paris. Le petit Ernest a été placé dans une institution par son père. Hortensia était déjà enceinte à ce moment-là.

 

Au mois de février 1883, son père l’avait envoyée à l’hôpital de la Charité pour savoir ce qu’elle avait, ci-dessous l’ordonnance :



Le 18 avril 1883, monsieur JEUNET et sa fille Hortensia ont déménagé et sont partis s’installer rue du Cherche-midi à Paris et ont exercé la profession de fruitiers. Ils habitaient au 6ème étage de l’immeuble, dans une petite chambre.

 

Pendant ce déménagement le père fit travailler sa fille (porter des choses lourdes) dans l’espoir peut-être que la grossesse n’arrive pas à terme.

 

Les habitants de la rue du Cherche-midi savaient tous que la jeune Hortensia était enceinte et s’en inquiétaient, comme nous pouvons le constater dans les divers interrogatoires des voisins.


Puis arrive la nuit du 3 au 4 mai 1883 :



Le père a soutenu que cela n’était pas possible car sa fille avait ses règles et le mois dernier également, Hortensia confirma.


Le docteur LOUPIE n’insista pas et prescrit un lavement et un cataplasme.

 

Hortensia souffrait de plus en plus, elle retourna dans sa chambre au 6ème étage.


Voici ce qu’il s’est passé :



Les réponses d’Hortensia aux interrogations du policier le 2 juin 1883 ne semblent pas le satisfaire :



Elle a jeté ensuite l’enfant dans les cabinets d’aisance.

 

Les voisins, dans leurs témoignages, indiquent tous la même chose : ils savaient tous que la jeune Hortensia était enceinte.

 

Il y a eu évidemment un rapport d’autopsie (6 mai 1883), dont voici un extrait :



Enfin la Cour d’assises a rendu un arrêt le 27 juillet 1883.


Hortensia JEUNET a été condamnée à 10 ans de travaux forcés et son père à la peine de mort.

 

Le père et la fille se sont pourvus en cassation le 27 juillet 1883, ce pourvoi a été rejeté par un arrêt de la Cour de cassation en date du 16 août 1883.

 

Par décret du 30 octobre 1883, le Président de la République a commué en réclusion d’égale durée la peine prononcée contre la fille JEUNET.

 

Hortensia a été libérée sous conditions le 2 septembre 1889.

 


La presse évidemment a beaucoup parlé de ce drame à l'époque.


Le journal « Le radical » dans son édition du 29 juillet 1883 relate l’affaire et fait une description de la fille et du père lors du verdict de cette façon :



Le journal « le petit troyen » dans son édition du 31 juillet 1883 indique :



Le journal « La Justice » dans son édition du 29 juillet 1883 indique :



Les débats n’ont pu être décrits par la presse, s’agissant d’une audience à huis-clos, les journalistes n’ont donc que relaté que les faits mentionnés dans la procédure et les peines auxquelles ont été condamnés le père et la fille JEUNET.



Il est indiqué que le père de l’épouse est dans l’impossibilité de manifester sa volonté, du fait de l’arrêt de la Cour d’assises. La mère de l’épouse est décédée.

 

Hortensia est âgée de 29 ans et est domestique à Neuville-sur-Seine.

 

De son union sont nés deux enfants :

 

-       PIDANSAT Yvonne Hermance le 11 novembre 1894 à Neuville-sur-Seine;

-       PIDANSAT Louis Victor Marie Marie le 7 septembre 1902 à Neuville-sur-Seine

 

Dans les recensements de l’année 1906, Hortensia demeure aves son mari et leurs deux enfants rue du Moulin à Neuville-sur-Seine.

 


Sources:

Archives départementales de Paris

Archives départementales de l'Aube

Gallica

Rétronews

 

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10 Kommentare


ludimum
12. Nov.

😬🤮🤢😒🥺🥹😱😭

C'est waahhh... malheureusement déjà à l'époque... et encore de nos jours. Cela ne devrait pas exister. La justice selon moi n'est pas assez ferme envers ce genre d'individus ( le père j'entends...) et la justice ne reconnaît, n'écoute pas du tt assez légitimement les enfants victimes ! Sujet très très difficile et qui me met hors de moi. Impardonnable ces gens là


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Nadège Cresson Généalogie
Nadège Cresson Généalogie
13. Nov.
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Oui sujets très difficiles... 😱

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Camille Gouault
Camille Gouault
11. Nov.

Tellement abominable. Et combien de jeunes filles abusées par un père un beau-père un oncle Comment ne pas comprendre ce rejet de l'enfant. L'enfant du mal

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Nadège Cresson Généalogie
Nadège Cresson Généalogie
11. Nov.
Antwort an

Oui, pauvre femme, pauvre enfant. Sujet très difficile à traiter. Cela existe encore de nos jours malheureusement.

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Marthe Lafabrié
Marthe Lafabrié
11. Nov.

C'est terrible, trop souvent les enfants et les femmes qui trinquent...

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Nadège Cresson Généalogie
Nadège Cresson Généalogie
11. Nov.
Antwort an

Oui terrible! J'ai un autre sujet sur ce thème. J'en parlerai peut être un jour.

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Jourdavant
Jourdavant
11. Nov.

Quelle histoire terrible, mais qui est loin d'être isolée et encore de nos jours.

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Nadège Cresson Généalogie
Nadège Cresson Généalogie
11. Nov.
Antwort an

Oui horrible et malheureusement encore d'actualité. C'est un sujet très difficile.

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Christelle Gomes
Christelle Gomes
11. Nov.

On commence cette semaine avec du bien glauque, inceste et infanticide... Je suis impressionnée par la résilience de Jeanne qui a réussi à se marier et avoir des enfants après cela !

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Nadège Cresson Généalogie
Nadège Cresson Généalogie
11. Nov.
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Oui j'avais prévenu! C'est encore très glauque. J'ai effectué cette enquête dans le cadre de ma formation. Lorsque j'ai consulté le dossier de procédure, c'était très dur à lire... mais il faut en parler. La pauvre a tellement souffert! J'avais traiter un autre sujet de ce type... j'en parlerai peut être un jour.

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