Pierre Eugène Jean GUERLAIS est né le 13 février 1894 à Nantes, 4ème canton (44).
Ses parents sont Pierre Marie Jean Baptiste GUERLAIS et Eugénie Charlotte Véronique NAUD.
Le père est âgé de 25 ans et exerce la profession de corroyeur, la mère est âgée de 19 ans et est dite sans profession. Ils demeurent au 2 rue de la petite blesse à Nantes.
En lisant toutes les mentions marginales, on peut se rendre compte que sa vie personnelle n’a pas été de tout repos.
Pierre et François, mon grand-père maternel, ont les mêmes arrière-grands-parents.
Mon grand-père étant décédé en 1959, quand ma mère avait deux ans, personne ne se connait, grâce à mes diverses recherches j’ai pu reconstituer l’arbre généalogique du côté paternel de ma mère, ce qui encore aujourd’hui n’est pas une mince affaire !
- La jeunesse de Pierre
Il vit avec ses parents à Nantes jusqu’en 1906, année où ses parents partent habiter à Pontivy dans le Morbihan.
Le père de Pierre devient tanneur. Il est aussi conseiller municipal. Auparavant il était corroyeur à Nantes, mais cela ne fonctionnait pas et fut mis en liquidation judiciaire.
A leur arrivée en 1906 à Pontivy, le père de Pierre se met en relation avec les demoiselles Leroy, afin de diriger leur tannerie.
De 1906 à 1913 tout semble bien se dérouler. Mais les ennuis commencent pour la famille GUERLAIS, vue la hausse des crins le père est obligé de demander un délai à ses créanciers, délai qui est accordé à condition de vendre des marchandises sous le contrôle de la banque Bouché.
Le père vit au-dessus de ses moyens, il procède à des ventes importantes de marchandises et s’en approprie le produit.
Pour masquer ses détournements, il incendie la tannerie dans la nuit du 13 au 14 mars 1914, tout en ayant pensé à envoyer quelques biens à Nantes (chez son fils Pierre) (piano, une caisse contenant divers objets mobiliers…) L’incendie a détruit la tannerie le logement dont était locataire la famille GUERLAIS, quand le père a incendié la tannerie, il était le seul, de sa famille, présent sur les lieux. Les dégâts sont évalués à environ 15 000 francs.
Trente sept témoins de Pontivy ont été appelés à la Cour.
Il a été condamné à 5 ans de réclusion par la Cour d'Assises du Morbihan.
Cette affaire a certainement dû être éprouvante pour la famille.
- La vie militaire
Pierre s’engage volontairement pour quatre ans dans le 4ème régiment de chasseurs d’Afrique le 20 juin 1914, il est domicilié à Pontivy et est étudiant en médecine.
A partir de cette date et jusqu’au 1er mai 1918, il a effectué plusieurs mutations :
Pendant cette période il se marie le 26 décembre 1916 à Beaucaire dans le Gard avec Marie Delphine Juliette CROUZET. Un contrat de mariage est passé le jour même auprès de maitre Jean BERTHIER, Notaire à Beaucaire.
Tout n’est pas au beau fixe pour Pierre pendant ces quatre années, comme le démontre son dossier consulté au Service Historique de la Défense à Vincennes.
Il a écopé de quelques punitions pendant cette période.
La raison de cette punition :
Lors de sa période militaire, Pierre a tour à tour été un bon élément puis un individu sur qui on ne pouvait pas se fier selon les diverses notes de son dossier militaire.
Cependant, il a tout de même obtenu quelques citations :
Il avait sûrement un caractère bien spécial.
Par une lettre en date du 22 septembre 1919, Pierre souhaite démissionner, il est alors au 17ème régiment des tirailleurs sénégalais. Il demande à se retirer dans ses foyers au château de Prémont à Beaucaire) où il est actuellement en convalescence.
(remarque personnelle: je suis allée à Beaucaire il y a plus de 10 ans, sans savoir que Pierre y avait demeuré)
Sa demande sera acceptée.
- Sa vie familiale
Le 26 décembre 1916 il se marie à Beaucaire (Gard) avec Marie Delphine Juliette CROUZET. Ils divorcent le 29 janvier 1923, par un jugement rendu par le tribunal de la Seine (Paris).
Pierre se remarie le 15 février 1923 avec Camille Augusta CHAFFIN à Paris 15ème. Ils auront deux enfants, Yves et Michelle. Ils divorcent le 7 décembre 1942, un jugement est rendu par le tribunal de la Seine (Paris).
Pierre se marie une troisième fois le 26 avril 1944 avec Gisèle Hélène Marie Isabelle Fidèle ARMELIN à Paris 8ème.
Pierre avait un caractère quelque peu compliqué d’où les deux divorces.
Il n’a donc eu que deux enfants Yves né en 1923 (lequel est décédé vers 1939) et Michelle née en 1928 (laquelle est décédée en 2020).
- Sa vie professionnelle
Lors de son engagement dans l’armée en 1914, il est indiqué qu’il est étudiant en médecine.
Toutefois il n’est pas resté dans cette branche professionnelle.
Il devient ingénieur diplômé de l’Ecole Supérieure de l’Electricité.
Avant la seconde guerre mondiale il a collaboré à l’exploitation de diverses entreprises de constructions électriques, notamment la Société des lampes Audion, la Société indépendante de Télégraphie sans fil et la Société Indépendante de constructions radioélectriques pour amateurs à la Malakoff.
Pierre a plusieurs cordes à son arc. Entre 1930 et 1940, son activité principale fut consacrée à la gestion de la Société anonyme dite « Société centrale de photoscopie » ultérieurement dénommée « Etablissements Pierre Guerlais » et transformée en 1941 en SARL (Société à responsabilité limitée) sous la dénomination du « La Photoscopie » Cette collectivité qui avait pour objet la fabrication, la vente ou la location de tous appareils de projection d’optique et dont Pierre était le gérant majoritaire en 1942, resta en sommeil durant toute l’occupation allemande.
De 1933 à 1939, Pierre GUERLAIS a été également technicien du cinéma, connu pour plusieurs réalisations et notamment « la Kermesse héroïque » primé en son temps à la Biennale de Venise. (Il était alors directeur de production)
Il a produit et réalisé plusieurs films comme l’indique sa fiche Wikipedia :
- La chute de Pierre
Le 6 mai 1941, Pierre créée avec la collaboration de l’allemand SCHLUTTER LA Société anonyme « Société de l’industrie cinématographique » dont il restera jusqu’en septembre 1944, le président directeur général.
Le 13 novembre 1944 il est arrêté par la police française, au motif qu’il aurait collaboré avec l’ennemi, alors qu’il se rendait à une convocation. (Sa femme dira plus tard dans un courrier du 9 avril 1947, que c’était une convocation piège).
Sa troisième épouse, pu lui envoyer divers colis lors de sa détention.
Il y a eu un véritable acharnement contre Pierre et sa famille selon Gisèle sa femme et Michèle sa fille. Lesquelles dans le dossier consulté aux archives de Paris, ont tenté de démontrer que toutes les accusations portées contre Pierre étaient fausses.
J’ai pu lire les divers actes de procédure de ce dossier ainsi que les divers courriers de Michèle, laquelle a eu beaucoup de courage, car les policiers le Juge d’instruction ne sont également acharnés contre elle.
En effet son père Pierre GUERLAIS s’est suicidé à la maison d’arrêt de Fresnes le 2 juillet 1945, lequel selon certains journalistes aurait pris des somnifères en grande quantité.
La procédure n’avait même pas encore eu lieu en tant que telle. Pas de jugement…rien.
Sa dernière femme et sa fille Michèle ont dû se battre pendant plus de 10 ans après sa mort pour laver l’honneur de Pierre.
Les mots de sa femme dans cette lettre veulent tout dire :
Michèle en qualité de seule héritière de Pierre a dû gérer beaucoup de choses, elle a été citée devant le Comité Départemental de confiscation des profits illicites de la Seine, peu de temps après le décès de son père.
Voici ce qu’elle indique dans un mémoire :
La vie de Pierre n'a pas été un long fleuve tranquille, c'est le moins que l'on puisse dire!
Sources:
Archives départementales de la Loire-Atlantique
Archives départementales du Morbihan (presse ancienne)
Archives de Paris
Service Historique de la Défense à Vincennes
Wikipedia
Unifrance
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